Réflexions sur l’exclusion : une exposition sur la Loi concernant l’immigration chinoise de 1923
Préface
Cette exposition marque le 100e anniversaire de la Loi concernant l’immigration chinoise de 1923, également connue sous le nom de « Loi d’exclusion chinoise ». L’exposition présente des certificats d’immigration chinoise (CI) délivrés avant et pendant la période d’exclusion chinoise, ainsi que des documents officiels qui retracent l’adoption de la Loi par la Chambre des communes et le Sénat, jusqu’à la sanction royale. L’objectif de l’exposition, qui est montée dans la galerie de l’édifice du Sénat du Canada, est de commémorer les personnes et les familles qui ont souffert en raison de l’exclusion sanctionnée par le gouvernement, et de reconnaître le rôle du Parlement du Canada dans l’adoption de cette loi raciste. L’exposition se veut un rappel de la nécessité d’être vigilants quant aux formes modernes d’exclusion dans notre société et quant au rôle des parlementaires dans l’autorisation de ces lois.
À propos de la Loi concernant l’immigration chinoise de 1923
La Loi concernant l’immigration chinoise de 1923 a été le point culminant d’une série de lois racistes adoptées par le gouvernement du Canada dès 1885. La Loi était alors envisagée comme un moyen de réaliser ce que la taxe d’entrée n’avait pas pu accomplir. Pendant 24 ans, jusqu’à ce que la Loi soit portée en appel, les Chinois n’ont pas été autorisés à venir au Canada, sauf quelques petites exceptions. De plus, les Chinois déjà dans le pays ont été obligés de s’inscrire dans l’année suivant l’entrée en vigueur de la Loi, sans quoi ils s’exposaient à une peine d’emprisonnement, à des amendes, ou aux deux, en plus de risquer la déportation. Même après s’être inscrit, les Chinois au Canada seraient confrontés à une menace constante de harcèlement et d’enquêtes visant à déterminer si leur présence au pays était légitime. Cette loi a engendré de la peur, de la violence et des traumatismes et a eu un profond impact sur la communauté sino-canadienne. Elle a séparé des familles pendant des décennies et a créé un sentiment d’exclusion et de discrimination qui a persisté longtemps après son abrogation en 1947. Cette politique a également contribué à la stigmatisation des Canadiens d’origine chinoise et au renforcement continu des stéréotypes sur les Chinois.
Les documents présentés montrent l’adoption de la Loi par la Chambre des communes et le Sénat, ainsi que la sanction royale.
Le collage de portraits de personnes enregistrées dans le cadre de la Loi donne une voix et une représentation à une petite partie des personnes qui ont été forcées à s’enregistrer dans le système de catalogage bureaucratique. Conçu pour honorer ces personnes, le collage nous permet de voir leurs visages sous une nouvelle lumière et de nous remémorer leur expérience.
Cette affiche sur l’immigration chinoise, rédigée en anglais et en chinois, était un avis signalant aux personnes d’origine ou de descendance chinoise qu’elles devaient s’inscrire. L’avis comprend les emplacements où les personnes désignées doivent s’inscrire et les exigences d’inscription.
L’oeuvre « Uncovered Acts » de l’artiste Don Kwan utilise des médiums variés pour évoquer une réflexion et une réaction contemporaine à la Loi. Les images proviennent de diverses sources et de la Loi concernant l’immigration chinoise de 1885 et de 1923 : L’oeuvre « The Heathen Chinese in British Columbia », par l’artiste James L. Weston, 1879 (illustration), les Pères fondateurs du Canada et un portrait de la mère et de la grand-mère de l’artiste.
Les certificats d'immigration chinois originaux des sœurs Fong et leurs biographies succinctes fournies par Timothy Stanley nous donnent une image plus complète des vies qui se cachent derrière les numéros d'identification et les visages.
Remerciements
Cette exposition n’aurait pas été possible sans le soutien du Bureau du président du Sénat du Canada; du Bureau de l’huissier du Bâton noir; du Chinese Canadian Museum (Vancouver); de Catherine Clement, curatrice de l’exposition « The Paper Trail to the Chinese Exclusion Act »; des Archives du Sénat du Canada et de la fondation Action! Chinese Canadians Together; du Musée canadien de l’histoire; de la Bibliothèque du Parlement; de Bibliothèque et Archives Canada; de Timothy Stanley, Ph. D.; et des bureaux des sénateurs Yuen Pau Woo et Victor Oh. Merci!
Commissaire d'exposition
Jiaqi Wu
À propos des articles exposés
Les quatre reproductions élargies de certificats nous mettent en confrontation directe avec notre passé et nous invitent à réfléchir à cette période tragique. Remarquez les variations détaillées comme l’emplacement de l’émission, la couleur des bordures et les différents numéros d’édition de CI qui se trouvent dans le coin supérieur des certificats. Le document CI a fait l’objet de diverses mises à jour et transformations au cours de son utilisation. Dans toutes les versions du certificat, on exigeait qu’une photo montrant la tête et les épaules soit jointe au document.
C.I.5 : les nouvelles mesures législatives conçues pour contrôler l’immigration chinoise ont également entraîné la création du tout premier document d’entrée pour les Chinois, le certificat C.I.5. Le document C.I.5 a été délivré à chaque immigrant chinois, qu’il soit tenu de payer la taxe d’entrée ou non, et a été utilisé de 1885 à 1911. (Nom : CHOW Shung, Ottawa, Ontario)
C.I.30 : après 1912, les immigrants chinois qui étaient exemptés de payer la taxe d’entrée recevaient un certificat C.I.30 à leur arrivée. Ce certificat avait une bordure brune avec la photographie du porteur. (Nom : MAH Foo Tong, Bashaw, Alberta)
C.I.45 : créé en 1923, il a été principalement émis à la première génération de Chinois nés sur le sol canadien. (Nom : CHONG Ham Way, Nanaimo, Colombie-Britannique)
C.I.28 : lorsqu’une personne chinoise détentrice d’un certificat C.I.5 signalait que le certificat avait été perdu, détruit ou volé, on lui délivrait un « certificat de remplacement » appelé C.I.28. Il était également vert et contenait la photographie de la tête et des épaules du propriétaire[1]. (Nom : LEE Toy Lin, Victoria, Colombie-Britannique)
Regard vers l’avenir
« Réflexions sur l’exclusion : Une exposition sur la Loi concernant l’immigration chinoise de 1923 » vise à jeter un éclairage nouveau sur un chapitre sombre de notre passé grâce à la conservation et à la présentation de documents officiels, à des oeuvres artistiques contemporaines réagissant à l’injustice de la Loi et à un collage de visages conçu pour restituer la reconnaissance, le respect et la visibilité à des personnes qui étaient autrefois réduites à un numéro de série et un certificat CI. Présentés au Sénat du Canada, où la « Loi d’exclusion chinoise » a reçu la sanction royale, les visages du collage sont enfin visibles et présentés comme des Canadiens dignes qui ne sont plus exclus. Nous espérons que l’exposition fournira une occasion de réfléchir à ce chapitre de notre passé et à d’autres exemples d’exclusion dans l’histoire canadienne, afin de rejeter enfin toutes les formes d’exclusion modernes.