Hommage à la sénatrice McCoy

Érudite, pétillante, élégante, énigmatique : que ce soit au Sénat ou dans la vraie vie, honorables sénateurs, l’honorable Elaine McCoy était une véritable force de la nature. Mes débuts au Sénat ayant été façonnés par notre regrettée collègue, c’est pour moi un honneur de lui rendre hommage au nom du Groupe des sénateurs indépendants, dont elle a été, comme chacun sait, la première facilitatrice et la fondatrice.

Je me souviens des très nombreuses fois où je suis allé la voir à son bureau, au cinquième étage de l’édifice du Centre. D’ailleurs, entrer dans son bureau, c’était comme pénétrer dans l’antre d’une philosophe, d’une sage et d’une autrice : des livres empilés dans un coin, un diaporama de sa vie, de son vécu et de son histoire projeté sur un mur et, dans l’autre pièce, des jeunes affairés à je ne sais quoi. C’est là que se tenait Elaine McCoy, confortablement assise dans un coin de la pièce, comme si elle attendait tranquillement qu’on vienne la voir pour profiter de ses enseignements et lui parler. Et pour parler, nous parlions. Je ne compte plus le nombre de nos discussions. Son influence sur l’ensemble de ses collègues allait bien au-delà de ses interventions, ici et dans les comités.

Nous savons déjà qu’elle a été une pionnière, qui s’est défendue pour rendre le Sénat plus indépendant et on ne saurait trop insister sur le rôle qu’elle a joué dans sa modernisation.

Le Sénat qui a autorisé le Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration à financer les groupes indépendants, ou encore qui a adopté une motion visant à attribuer les sièges des comités de manière proportionnelle — ce qui nous paraît tout à fait normal aujourd’hui. Le greffier du Sénat qui a cessé d’utiliser l’expression « non affiliés » sur les documents officiels pour plutôt employer « Groupe des sénateurs indépendants », ce qui a contribué à ce que celui-ci soit reconnu comme une entité à part entière. Le Sénat qui modifie ses règles afin que les groupes parlementaires reconnus soient sur un pied d’égalité avec les partis politiques reconnus. Décidément, on doit à la sénatrice McCoy une bonne partie des mesures qui ont rendu la Chambre haute plus indépendante, et ce ne sont que quelques exemples.

Si je peux résumer en deux mots la vision de la modernisation qu’avait la sénatrice McCoy, je dirais qu’elle considérait que notre institution était en constante évolution et que nous, les sénateurs, devions tous souhaiter cette évolution, et la modernisation qui vient avec, au lieu de rester attachés à l’idée fixe que nous appelons le modèle de Westminster. Si vous doutez encore de la force de sa conviction et que vous souhaitez en savoir plus sur sa façon de penser, je vous invite à lire le témoignage qu’elle a fait devant le Comité spécial sur la modernisation du Sénat, le 16 novembre 2016. Un véritable tour de force.

Honorables collègues, la sénatrice McCoy disait souvent qu’elle n’avait pas pour rôle de nous dire quoi penser, mais bien de nous donner les moyens de le faire par nous-mêmes. Elaine n’est plus des nôtres, mais son esprit planera toujours au-dessus de nous. Je vous remercie.

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