Discours de la sénatrice Mégie à l'occasion du 100e anniversaire de la loi sur l'exclusion des Chinois
Chers collègues, je prends la parole aujourd’hui sur l’interpellation du sénateur Woo. Le but de cette interpellation est d’attirer l’attention du Sénat sur le 100e anniversaire de la Loi d’exclusion des Chinois, sur les contributions que les Canadiens d’origine chinoise ont apportées à notre pays et sur la nécessité de combattre les formes contemporaines d’exclusion et de discrimination auxquelles sont confrontés les Canadiens d’origine asiatique.
Comme l’a souligné le sénateur Woo, le 14 février dernier :
[...] il y a 100 ans, dans cette enceinte, les sénateurs ont voté pour la mise en place de la Loi de l’immigration chinoise de 1923, mieux connue sous le nom de Loi d’exclusion des Chinois [...]
Les sénateurs Kutcher, Simons, McCallum, Jaffer et Oh ont pris également la parole sur cette interpellation.
Ils ont tous bien souligné, au moyen de nombreux exemples, les discriminations systémiques subies par les Canadiens d’origine chinoise. Ils ont aussi mis en valeur les contributions importantes faites à notre pays par la communauté sino-asiatique malgré tout.
Au fur et à mesure que j’écoutais les discours de mes collègues, je me suis sentie interpellée à mon tour. Loin de moi l’idée de faire un amalgame, mais les communautés noires ont, elles aussi, été visées par des mesures législatives semblables au Canada.
L’Encyclopédie canadienne mentionne ce qui suit, et je cite :
Le décret du Conseil C.P. 1324 a été adopté le 12 août 1911 par le Cabinet du premier ministre sir Wilfrid Laurier. Il visait à interdire à toute personne noire d’entrer au Canada pour une période d’un an parce que « la race noire [...] est considérée comme inadaptée au climat et aux exigences du Canada ».
Bien que les périodes visées soient différentes, la Loi d’exclusion des Chinois ayant été adoptée 12 ans plus tard, les parallèles sont nombreux pour ce qui est de la discrimination subie par les communautés chinoises et noires au Canada. Cela prouve, malheureusement, que l’histoire se répète.
Il est donc essentiel de combattre les formes contemporaines d’exclusion et de discrimination auxquelles sont confrontés certains Canadiens encore aujourd’hui.
Je remercie le sénateur Woo de son engagement en vue de nous sensibiliser à la discrimination systémique vécue par les Sino‑Canadiens. L’exposition qu’il a orchestrée, dans le foyer du Sénat, nous relate des pages sombres de l’histoire du Canada qui ne figurent pas dans nos manuels scolaires. Cette exposition représente, selon le sénateur, un lien tangible avec ce passé et est un appel à la vigilance contre toute forme moderne d’exclusion.
Cette interpellation a trouvé écho chez le premier ministre Trudeau. Un extrait de sa déclaration du 14 mai 2023 soulignait ceci, et je cite :
[...] la Loi d’exclusion des Chinois témoigne d’une période sombre de l’histoire du Canada dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui. Au même titre que la Loi de l’immigration chinoise de 1885, qui imposait une taxe d’entrée aux nouveaux arrivants chinois au Canada, la loi raciste de 1923 a presque totalement empêché les Chinois d’entrer au Canada pendant 24 ans. Elle est restée en vigueur jusqu’à son abrogation à cette date, en 1947. Cette discrimination systémique et cette politique raciste ont séparé des êtres chers, appauvri des familles et renforcé les préjugés à l’encontre des personnes d’origine chinoise au Canada, leur causant des blessures qui allaient perdurer durant des générations.
Chers collègues, il faut absolument profiter de l’occasion qui nous est offerte par cette interpellation pour parfaire nos connaissances de l’Histoire du Canada — avec un grand « H ».
Les historiens ne cessent de nous dire ceci : si nous n’apprenons pas de l’histoire, nous serons condamnés à la répéter.
Comme vous le constaterez en examinant le fil des événements, cela s’est produit en 1911, puis en 1923; nous ne devons jamais adopter à nouveau de telles lois discriminatoires à l’égard d’autrui.
Notre rôle est de transmettre nos valeurs d’inclusion et d’égalité aux générations futures pour qu’elles puissent vivre dans un pays plus juste.
Enfin, pour enrayer le racisme sous toutes ses formes, qu’il soit implicite ou explicite, nous devons, dans cette Chambre, demeurer vigilants.
Merci.
Des voix : Bravo!